Ma fille voulait mettre son doigt dans le nez des autres – Maxime Gillio

«Je vois Gabrielle, ma fille, m’observer de son regard indéchiffrable. Pourquoi ce livre? Après tout, c’est notre passé, sa vie, mes sentiments. Il ne concerne qu’elle et moi, pourquoi l’exposer aux yeux de tous ? Parce que nous en avons besoin. Parce que nous devons guérir de cet amour contrarié et nous retrouver.

Je n’écris pas un livre sur l’autisme, encore moins un guide ou un mode d’emploi, j’offre les souvenirs que je nous ai volés. L’histoire banale d’un père et d’une fille.» (Source Pygmalion)

Mon Avis

J’ai sélectionné ce livre pour l’auteur certes, Maxime Gillio étant un écrivain que j’apprécie beaucoup pour son humour et la justesse de ces mots, mais surtout parce que le titre m’a frappé ! La curiosité l’ayant emporté, dès que j’ai lu le résumé, ce livre est devenu le titre que je devais avoir dans ma pile à lire. Ce récit, très différent du monde littéraire habituel de l’auteur, laissait déjà présager un texte prenant. Un grand merci à l’auteur et aux Editions Pygmalion pour ce Service Presse qui entre dans mes plus belles lectures.

Un texte à cœur ouvert, celui d’un père à sa fille Gabrielle, d’une grande beauté.

Des mots parfois tendres, parfois durs, parfois emplis de douleur, de fatigue, de désespoir et de colère. Mais toujours avec une petite touche d’humour, celle qui fait que cet auteur est si particulier.

Un père qui se met à nu et qui ose parler de ce handicap si complexe que beaucoup de gens ne connaissent pas et/ou ne comprennent (ou alors n’essaient même pas). L’autisme, un handicap qui englobe tellement de signes particuliers et qui, malgré des symptômes assez définis, diffère pour chaque personne atteinte.

J’ai été profondément touchée par cette histoire. Par ce parcours difficile, qui n’a de cesse de tourmenter les familles de ces enfants si particuliers, et ce combat quotidien, dont Maxime Gillio nous révèle ici sans tabou, ni filtre, la réalité des situations qu’il a rencontré et que de nombreuses familles doivent vivre au quotidien.

Avec toute la franchise et toute les difficultés liées à cette situation, Maxime Gillio nous parle de sa famille. Il nous révèle des bribes de souvenirs, des parties de leur vie, des moments arrêtés dans le temps, … de vrais moments de vie, des moments difficiles de doute, de colère, de tristesse, tout ce qu’un père peut ressentir pour son enfant face aux difficultés auxquelles celui-ci est confronté.

Toutes sortes de situations du quotidien, du simple repas au restaurant (finalement pas si simple que cela) au voyage scolaire, que Maxime Gillio nous expose avec toute sa sincérité, mais aussi ses fêlures et ses questionnements. Comment au bout de toutes ses années, de combats acharnés pour faire une place à cette enfant qui n’a pas l’air si différente en apparence, mais qui l’est, combien il faut de patience, de tolérance, de calme, face à toutes ses situations, combien il aime sa fille et combien il en est fier. Car malgré tous les coups durs, les prises de tête, les incompréhensions, cette jeune fille à la chance d’avoir un père si présent à ses côtés. Et je suis persuadée que quelque part elle le sait.

J’ai pleuré (beaucoup) face à toutes ces injustices, ces bêtises dont l’être humain peut être capable, tant par méconnaissance que par peur, mais avec tellement peu de recul face aux enfants différents ; avec encore moins de compréhension et de tolérance, face à la difficulté qu’est de soutenir, éduquer et se battre, afin que ces enfants, peu importe leurs différences, aient leur place.

J’ai aussi ri, tant l’humour de Maxime Gillio et de sa fille, il faut le reconnaître parfois bien malgré elle, sont contagieux. Le passage qui parle du titre de ce livre est juste à mourir de rire.

J’ai adoré ce roman, qui sans être prétentieux, sans paraître exposer une solution miracle ou être l’exemple idéal, couche sur le papier tant de difficultés rencontrées, face à la réalité de la vie.  Cette vie où parfois, les enfants différents doivent subir tellement de regards et de mots inadaptés, qu’ils se renferment encore plus sur eux mêmes. Où avoir une place à l’école est un combat. Où permettre une scolarisation adaptée et le suivi de ces enfants particuliers est fastidieux. Où il arrive qu’une seule personne de mauvaise foi, par manque de tolérance ou par peur de cette différence, peut faire capoter des mois, des années de travail et de suivi.

Je ne peux vous dire qu’une seule chose, lisez ce livre, parlez-en autour de vous, faites vivre cette histoire au titre si incongrue qui je l’espère, ouvrira certaines personnes sur le fait que chaque enfant, peu importe sa différence ou sa particularité, reste un enfant. Et que chacun à sa façon peut faire en sorte que leurs vies au quotidien soient plus faciles.

Livresquement,
France

 

Éditions Pygmalion

Parution le 22 Mars 2017

Ebook 14,99€ – Broché 18,90€

Lecture numérique du 15 au 16 Mars 2017 (SP)

 

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